Dans une émission de télévision une chroniqueuse traite les "assistés" de "glandus" de "feignasses" et d'autres noms d'oiseaux. François Ruffin la met au défi de vivre deux mois avec 1300€ .
Chiche! mais pas deux mois, une semaine.
Le film commence au Ritz, la chroniqueuse va faire du "tourisme social" découvrir la vie des livreurs de colis et se fera recaler au bout de deux heures parce qu'au lieu d'aider elle ralentit le livreur. Puis usine de poisson. Restau du Coeur. Auxiliaire de vie à la ferme....tout un monde que Sarah ne connaît pas.
Certaines scènes sont très touchantes. La bourgeoise va-t-elle changer d'avis?
On ne le saura pas.
Tournant dans le film : Sarah est virée. Pas à cause de son attitude au travail (elle joue bien son rôle) mais à la suite d'une prise de parole sur Gaza. Son manque d'empathie pour les populations bombardées insupporte le cinéaste. Ce rebondissement casse un peu le rythme du film.
Le rôle de Ruffin est agaçant. Il s'implique beaucoup trop. Il aurait pu s'effacer et laisser la parole aux invisibles , pour une fois, mis en lumière.
J'ai préféré Debout les Femmes.
Après le final surprenant toutes la salle (pleine) des Cinémas du Palais a applaudi. Ce qui n'est pas si fréquent à une séance ordinaire.
Encore une histoire de bandits corses. Epurée, on ne connaitra pas le début de l'histoire, ni les enjeux... Cela n'a aucune importance, le metteur en scène présent à la séance d'avant-première aux Cinémas du Palais, le confirme. "Partout les hommes se battent pour l'argent et le pouvoir"
Ouverture : Lesia, 15 ans, participe à la chasse avec les hommes. A elle l'honneur de dépecer le sanglier suspendu, de sortir ses entrailles. Le visage maculé du sang de la bête, elle pose fièrement avec son père. Le film sera sanglant.
Lesia aurait voulu retrouver son amoureux à la plage. On vient la chercher pour l'emmener dans le maquis passer quelques heures avec son père. Elle arrive en plein drame ; la télévision montre une voiture mitraillée. La guerre des clans vient de recommencer, et celui qui est menacé, c'est le père de Lesia.
Instants de paix volée. Baignades, pêche, chasse. Ils profitent intensément de la beauté de la nature corse. Confidences. La relation du père et de la fille est très forte. On devine que cela se terminera mal, mais comment?
C'est très réussi, avec du rythme, de très belles images. Le jeu des acteurs non professionnels, confère l'authenticité au film. Ils sont parfaits. Une cavale, c'est aussi un thriller. Comment s'en sortiront-ils? qui s'en sortira? Lesia reviendra-t-elle à sa vie d'écolière?
Et la beauté de la Corse!
Mais je commence, à en avoir assez de la magnification de la violence, de la chasse, des armes à feu, des vengeances. Après la lecture de plusieurs romans de Jérôme Ferrari, de Marie Ferranti, Colomba et d'autres .
Et j'ai lu avec plaisir les textes de Campo Santo de WG Sebald .
Un village avec quelques maisons de parpaing et une belle tente pour le café des hommes. Une épicerie et une école.
Le décor sublime du désert.
Les hommes sont des bergers jaloux de leurs traditions. En dehors de quelques voitures bringuebalantes, tout ce qui vient de la ville est suspect : l'électricité, l'instituteur, la musique, le dessin...
Les femmes vivent enfermées dans la maison de ciment. Pour sortir elles se couvrent de voiles noirs qui cachent même les yeux.
Norah rêve près de sa malle aux trésors, elle feuillette des magazines, imagine la vie à la grande ville et repousse la date de son mariage avec un bédouin illettré, un cousin à qui elle est promise.
Le Delta du Danube, un paradis pour les oiseaux, des maisons aux toits de chaume et aux volets bleus. Pas de routes on se déplace en barque ou en bateau. Calme des digues le long des bras du fleuve....
A l'écart de la modernité?
Les jeunes vont en discothèques, ont comme partout des téléphones mobiles? il y a même des touristes .
Justement, Adri, 17 ans embrasse un garçon. Et rentre chez lui très amoché.
Florin, pauvre pêcheur, endetté, soupçonne une menace de l'homme d'affaire à qui il doit de l'argent.
L'agression homophobe est rapidement caractérisée, les agresseurs retrouvés. A partir de là l'enquête prend une tournure inattendue. Ce n'est pas l'agression qui choque les villageois. Au village, les hommes boivent et parfois perdent la raison, ils se battent. C'est dans l'ordre des choses!
En revanche, embrasser un garçon, voilà ce qui est inacceptable! Qui va couvrir de honte tout le village. Il convient de cacher cette tare! La déposition et la plainte ne doit pas arriver à Tulcea, la ville la plus proche. Le chef de la police, l'homme d'affaires et même les parents vont entraver l'enquête.
Les parents désemparés s'en remettent au prêtre qui va exorciser le garçon, et qui veut l'envoyer dans un monastère. Le prêtre est sûr de son bon droit et ne se pose même pas de question quand le jeune homme est ligoté et bâillonné.
Les services sociaux s'en, mêlent, mais l'homme d'affaire a le bras long et fera pression sur l'assistante sociale...
Arrivée par le train à Mumbay, voir défiler les marchés, arriver les travailleurs à la grande ville.
Trois femmes, infirmières dans un hôpital. Trois générations. Anu, la plus jeune, dévore la vie, elle a un ami musulman Shiaz. Elle partage un appartement avec Prabha, mariée à un homme qui travaille en Allemagne dont elle n'a aucune nouvelle (sauf un autocuiseur qui arrive par la poste). Prabha est plus expérimentée, plus rigide, elle ferait volontiers la leçon à sa cadette...Parvaty est veuve, elle est sous le coup d'une expulsion de la maison qu'elle occupe depuis des décennies mais dont elle ne dispose d'aucun document. Les trois femmes partagent en plus de leur travail de longs trajets en transports en commun et font des confidences.
La cinéaste nous fait découvrir Mumbay sous les lumières de la mousson. Ruissellement de la pluie violente et des reflets dans les flaques. Film bleu, bleu des uniformes des infirmières, bleu des bâches en plastique, bleu de la nuit...
Parvaty retourne dans son village accompagnée de ses amies. Saison sèche? Terre rouge, la couleur du film passe au rouge. Détente à la plage, grotte fabuleuse où Anu retrouve Shiaz. Film d'amour, film d'amitié