mardi 20 mai 2025

LES ENFANTS ROUGES de Lotfi Achour Tunisie (2025)







Très beau film. Tragédie basée sur une histoire vraie. 

Nizar, un jeune berger est décapité dans la montagne. On ne saura pas par qui ni pourquoi.

Ashraf son cousin doit descendre sa tête au village.  La famille se sent complètement abandonnée des autorités. Les hommes monteront chercher le corps pour l'enterrer. 

En contrepoint, Rahma, jeune fille solaire met un peu de tendresse dans ce drame absolu 

Magnifique film, désespérant quand on sait que tous seront assassinés.  




jeudi 15 mai 2025

Ingeborg Bachmann - Reise in die Wüste (2023) - Margarethe von Trotta avec Vicky Krieps


Ingeborg Bachmann (1926 -1973) est une femme de lettres autrichienne, poétesse et romancière, très célèbre dans le monde germanophone. Moins bien connue des francophones, son nom est apparu récemment dans mes radars, particulièrement à cause de sa relation et de sa correspondance avec Paul Celan

Margarethe von Trotta a fait le portrait, entre autres, de Hannah Arendt, de Rosa Luxemburg, ce film m'intriguait tellement que j'ai fait le voyage à Paris pour le voir. 

Ce n'est pas un biopic complet; le film concerne que 4 années de 1958 à 1962, la relation d'Ingeborg Bachmann avec Max Frisch, évoquée des années plus tard lors d'un voyage dans le désert en compagnie d'Adolf Opel, écrivain et cinéaste, qui a raconté son voyage en Egypte avec Ingeborg Bachmann (dont je n'ai pas trouvé de traduction). J'ai été un peu déçue de ne rien apprendre sur Celan. 

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le film où alternent des séquences qui ne s'enchaînent pas dans le temps. 

1958, Paris, Ingeborg Bachmann et Max Frisch tombent amoureux, "sur le pont Mirabeau...".La  relation amoureuse se complique quand ils cohabitent à Zurich. Difficile pour deux écrivains de travailler. Max Frisch la demande en mariage. Ingeborg veille à sa liberté. Ingeborg a son idée sur le travail sur les mots tandis que Max Frisch consigne leur vie commune dans des carnets qu'elle brûle. 
Rome, Ingeborg est plus à l'aise dans la société romaine, Max Frisch se sent mis de côté...

Entre ces épisodes s'intercalent les scènes du voyage dans le désert. Une sorte de puzzle que j'ai mis du temps à tout remettre dans l'ordre. 

Vicky Krieps arbore de splendides tenues, des robes magnifiques, "une star" se plaint Max Frisch. Son visage expressif passe de la mélancolie, presque la folie, à un sourire radieux. 

maintenant, j'ai bien envie de lire les écrits d'Ingeborg Bachmann!








samedi 10 mai 2025

SOUDAN, SOUVIENS-TOI de Hind Meddeb






le 6 Avril 2019 la population chasse Omar El-Bashir après 30 ans de dictature militaire et islamiste. Khartoum vibre dans un sit-in monstre. Célébration de la liberté retrouvée, exigence d'un pouvoir civil démocratique. Pendant des semaines les Soudais vont vivre une révolution utopique de poésie, chants, slam, rap, pique-niques géants, street-art. mais aussi prise en compte des enfants des rues à qui on organise une école.

Hind Meddeb, documentariste franco-tunisienne, journaliste, a filmé cette révolution. 
Les femmes s'imposent dans le film, elles ont une présence impressionnante. Chaleureuses, des personnalités très fortes, radieuses.
Assez rapidement, les militaires confisquent la révolution. Des images de répression violente ne découragent pas les manifestants qui s'organisent, construisent des barricades dérisoires, histoire de ralentir la progression des véhicules, et surtout qui peignent les visages des militants et des poètes sur les murs. Qui peignent des poèmes, copient les mots sur les panneaux manuscrits pour que les passants les prennent en photo avec les smartphones et les fassent circuler. 
la répression fait des victimes, mais on ne peut pas tuer des mots, on ne peut pas tuer des idées...

Pour se souvenir d'une révolution joyeuse mais confisquée. 

La plupart des personnages ont pris la route de l'exil et la guerre sévit encore, oubliée.

 Ce film vient de sortir, discrètement, cherchez-le, ne le laissez pas filer. C'est une comète lumineuse dans l'actualité si sombre. 







dimanche 4 mai 2025

GHOSTLIGHT (2024)-Kelly O'Sullivan avec Dolly de Leon, Keith Kupferer et Katherine Mallen Kupferer







Mise en abyme, théâtre dans le théâtre, déjà Shakespeare dans Hamlet...Théâtre dans le cinéma, Shakespeare toujours dans Looking for Richard, Al Pacino grandiose!... Tchekhov aussi Drive my car et Vanya 42ème, Un triomphe de Courcol qui met en scène En attendant Godot. 

Ghostlight est un Romeo et Juliette particulier. Juliette, Dolly de Leon, a la cinquantaine bien passée et Roméo, ouvrier dans un chantier de Travaux publics, grisonnant. La troupe d'amateurs répète dans l'arrière-salle d'un café. 

La famille de Dan (Roméo) est sur le bord de l'implosion après un drame qu'on découvrira plus tard.  Chacun  part en vrille dans des crises de violence et de vulgarité. 

Par quelle intuition, Rita (Dolly de Leon), vient-elle chercher Dan dans la rue, l'arracher à son marteau-piqueur pour l'entraîner dans une répétition de théâtre? 

Comment la langue de Shakespeare se coule dans le quotidien de Chicago? 
et la magie du théâtre, encore, opère.








CE NOUVEL AN QUI N'EST JAMAIS ARRIVÉ |Bogdan Muresanu


Décembre 1989, tout le monde sait que le Mur de Berlin est tombé. 

A Bucarest, la télévision  prépare un réveillon de Noël à la gloire de Ceausescu . La vedette a trahi, il s'agit de modifier l'émission qui a déjà été enregistrée. Le réalisateur et le monteur ont des sueurs froides. Comment réparer l'impair?

Tragi-comédie décalée,  lâcheté et corruption à tous les étages. Peur surtout. Méfiance. L'absurde régne, le ridicule aussi.  

L'actrice pressentie pour remplacer la traitresse dans l'émission patriotique cherche à éluder le rôle, elle a l'idée d' arriver défigurée mais ne trouve qu'une tapette à mouches pour se faire des bleus.

 Dérisoire. 

On suit 6 personnages dans leurs démarches minables et on ne s'ennuie pas pendant les 2h18 que dure le film. 

Le final est grandiose au son  du Boléro de Ravel. Bogdan Muresanu a le bon goût de nous épargner la fin des Ceausescu que nous connaissons tous. 





dimanche 27 avril 2025

LA CHAMBRE DE MARIANA - Emmanuel Finkiel (2025) d'après le livre de Aharon Appelfeld avec Mélanie Thierry et Artem Kyryk








J'ai souvent des réticences sur les films traitant de la Shoah si l'histoire est romancée. Finkiel a adapté un livre de Aharon Appelfeld et cela a levé mes hésitations. 
Czernowitz, capitale de la Bucovine - avant la guerre province de Roumanie - est occupée par les nazis en juillet 1940. les juifs y furent exterminés par la Shoah par balles.
Dans ce contexte, Hugo, 12 ans est confié par sa mère à Mariana, une prostituée ukrainienne qui exerce son métier dans une maison close assez luxueuse. 

L'enfant va passer des mois caché dans un placard. Finkiel filme avec les yeux de l'enfant  dans le noir de son réduit : il convoque des souvenirs anciens, imagine une réalité avec ses personnages familiers, parents et une petite voisine dont il est amoureux. Il scrute aussi l'extérieur par de fines ouvertures, jours entre deux planches, trou dans le bois. Quand il sera obligé de fuir, il découvrira les charniers. 

C'est un film long (2h10) mais on ne s'ennuie pas.

La relation entre l'enfant et Mariana (Mélanie Thierry) est analysée avec beaucoup de délicatesse. 

Finkiel a souhaité filmer en Ukraine, avec la guerre, il en a été bien sûr empêché mais les dialogues sont en Allemand et en Ukrainien. Mélanie Laurent s'est appliquée à apprendre l'Ukrainien; elle est bouleversante. Le petit garçon est craquant. 

Maintenant, il reste à lire Appelfeld, le roman est réédité en livre de poche début mai. je vais foncer l'acheter! 








jeudi 10 avril 2025

Green border d'Agnieszka Holland - Vu sur Ciné+






Ouverture : en plein ciel, une famille syrienne a choisi la route par la Biélorussie pour rejoindre des proches en Suède, Bashir, Amina et son bébé, Nour, une douzaine d"année et la petite fille Ghalia. Il font connaissance de Leila, une Afghane qui veut demander l'asile en Pologne ; son frère a travaillé pour l'armée polonaise en Afghanistan. 
Exil, migration
 Ce n'est pas le nième documentaire sur les migrants. C'est un film de fiction, avec des personnages pour lesquels nous allons vibrer, dont nous allons suivre les aventures. 
La route par la Biélorussie leur parait plus sûre que la Méditerranée. Tout est payé, tout est organisé. A l'aéroport un minibus les attendra pour les conduire en Pologne et de là en Suède. 
Et cela ne se passe pas du tout comme prévu. Le minibus s'arrête devant les barbelés. Il faut payer pour passer les rouleaux. 
Le GPS de Leila montre qu'ils sont bien en Pologne! Ils ont gagné l'Union Européenne!
Mais cela ne se passe pas du tout comme cela. Les policiers de la frontière polonaise les refoulent avec brutalité. Les revoilà en Biélorussie, où les policiers biélorusses les accueillent avec les chiens et les armes, les dépouillent, les battent. 
Ils se retrouvent piégés dans une forêt marécageuse où d'autres migrants errent. 

Pour les Polonais, c'est la "guerre hybride", les migrants sont des armes (ou des munitions) que la Biélorussie leur expédie et qu'il faut liquider sans l'ombre de pitié. 

Heureusement, il y a des humanitaires, des médecins, des volontaires qui tenteront de leur porter secours...on a le coeur serré pour les héros. Parviendront-ils ?

J'ai vu deux fois L'Ombre de Staline que j'ai apprécié. La réalisatrice a été l'objet d'une violente  campagne à la réception du film en Pologne .
Je note ensuite que la Pologne a accueilli de très nombreux réfugiés ukrainiens .