dimanche 14 novembre 2010

Retour à Natitingou


Natitingou, le soir, sifflets et tambours

Cela fait un bien fou de nager dans la piscine après les cahots sur les pistes !

Vers le soir, la musique m‘attire dans la rue. Les orchestres qui marchaient sur la route sont arrivés en ville. En bas du petit jardin qui borde le tennis, des femmes sont assises. Elles rigolent en me voyant passer. Piquée, je leur demande pourquoi elles se moquent de moi :

Vous les avez ratés, mais la fillette va vous conduire ! »

Je suis partie sans mon porte monnaie. Je prétexte que je vais chercher quelqu’un à l’hôtel. Justement, D se trouve sur le perron. Nous partons en ville à la recherche des sifflets et des tambours. Nous tombons sur une de des troupes de jeunes gens curieusement harnachés, chapeau de cow-boy, tambours et baguettes recourbées, des sortes de franges pendues à la ceinture. Pas de tissus chamarrés ni de perles ou de broderies. Ils sont habillés de fripes européennes de maillots de foot ou d T-shirts imprimés mais ils ont choisi les coloris les plus voyants. Des filles ont des sifflets pour accompagner les tambours et tous dansent à l’entrée des maisons et des cours. On demande la permission de photographier, la réponse n’est pas claire. Il en ressort qu’il faudrait payer mais nous avons oublié le porte monnaie.

Nous passons le petit pont qui enjambe un ruisseau d’eau croupissante en cette saison sèche, et des jardins potagers très soignés où poussent des choux des laitues et d’autres légumes. Nous tournons et nous promenons dans les voms, ruelles en terre, à la recherche des petits orchestres. Tout le monde est dehors assis sur des chaises, des murets ou accroupi. Les maisons basses en ciment sont très délabrées quand elles ne tombent pas complètement en ruine. Sur les murs de la coiffeuse, des têtes ont été peintes, montrant les modèles de tresses, la peinture est bien délavée, un vieux plastique d’emballage sert de rideau complété par des sacs qui pendouillent.

Nous sommes très bien accueillies. On nous dit bonjour très gentiment, on nous parle de la « cérémonie » De nouveaux musiciens passent. On demande la permission de photographier. Pas de problème, ils posent et dansent pour nous. Mais il faut payer. Un homme plus âgé réclame fermement et avec insistance au moins 50F même 25F feraient l’affaire. On n’a rien. Je montre les poches vides de mon pantalon mince. Rien à faire. Vous avez pris la photo. Il faut donner un cadeau. D sort du chewing gum et distribue aux enfants .Les musiciens s’approchent. Le vieux, d’autorité prend le paquet. Il fera la distribution lui-même. La tension s’apaise.

les perles de Créteil


D offre à une petite fille un bracelet offert par une de ses élèves. Elle veut rapporter une photo à la petite. Elle raconte :
- "nous sommes professeurs ? Les enfants français ont offert ces bracelets et veulent voir la photo."

Je ne sais pas si ils saisissent bien le sens de ses explications. La petite fille ne veut pas sourire :

- « Il lui manque des dents » explique le grand père.

Le bracelet nous revient aux pieds, lancé comme un crachat.

Les femmes nous font des gestes hostiles. C’est une réaction à la photo. Peut être, la mère a pensé que l’image de sa fille valait plus que le petit bracelet de pacotille, ou elle aurait voulu être consultée, l’assentiment du vieux ne la concernant pas. Il est temps de rentrer à l’hôtel avant que cela ne se gâte vraiment.

Ambiguïté de la situation de touriste dans un pays où le tourisme n’est pas organisé. Les gens ont des réactions imprévues. Ils flairent la bonne affaire. Au Maroc, nous étions assaillies par les enfants « Donne moi un dirham ! » et nous en avions conclu que le tourisme gâtait les rapports. Au Bénin « Yovo ! Yovo ! ». La frontière entre hospitalité et mendicité est floue. Nous arrivons avec les meilleures intentions du monde : D raconte sa fête, les ballons, les enfants français, leurs cadeaux…Est-ce qu’ils nous écoutent ? Est-ce que cela les intéresse ? Cinquante francs ou même 25F, les arrangeraient bien.

Dîner aux chandelles sous le ficus

Au dîner, nous retrouvons la famille que nous avons rencontrée à la Mare Bali puis à la cascade. Ils sont expatriés au Bénin. Ils ont campé à a maison forestière et sont équipés d’un matériel photo impressionnant presque professionnel.. Elle est responsable d’une organisation de micro crédit et se trouve à Natitingou pour son travail. Nous les invitons pour le café après le dîner. Sur ces entrefaites, Léon vient s’asseoir à notre table pour préparer la journée de demain.
Il ne nous parle pas du problème avec Duran tout est rentré dans l’ordre.
Le face à face entre Monsieur le Directeur et Madame la Directrice est intéressant. Léon raconte que le nouveau Président a promis le crédit gratuit. Ce qui ne fait pas l’affaire des ONG qui ont mis en place des structures de micro crédit depuis des années. Léon qualifie cette promesse de démagogique. C’est la première fois que j’entends une critique dans l’unanimité

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