vendredi 23 septembre 2016

Sieranevada - un film de Cristi Puiu

Attention! 2h53, impatients et pressés s'abstenir!
Le film  démarre avec une lenteur calculée, exaspérante, autant pour les protagonistes de l'histoire que pour les spectateurs. C'est voulu, puisqu'il s'agit d'un repas de famille, commémoration  du patriarche défunt, sans cesse retardé. D'abord le pope n'arrive pas, puis les incidents se succèdent. Et pendant que la chorba et les sarmale mijotent, les hommes parlent entre eux, les femmes à la cuisine. Grand déballage: le scandale explose avec l'arrivée de Tony, un des beaux frères.
Roman familial d'une famille nombreuse où règne la mère endeuillée sur les fils et belles-filles . Roman familial ou ballet? la caméra va de groupe en groupe . Elle s'attarde sur le couple de Lary et sa femme qui rêve des marchés flottants de Bangkok et file en douce à Carrefour, très agaçante, bourgeoise dans le genre mégère, puis sur le duo que forme Lary et sa mère, très proches.  On trouve les frères dans une discussion surréaliste autour des thèses complotistes expliquant le 11 septembre jusqu'à l'arrivée du pope qui réunira toute la famille pour la bénédiction. Dès qu'il quitte l'appartement les échanges aigre-doux entre un jeune couple et leur bébé occupent la scène. Les protagonistes sont nombreux. Au bout d'une heure on arrive à peu près à les identifier...on s'attache aux personnalités si diverses qui s'affrontent.
Tragi-comédie, Lary   entre fou-rire et larmes, personnalise l'atmosphère en même temps tragique et loufoque, hystérie et tradition mêlées.

Lecture ethnographique aussi, pour moi qui connais mal la Roumanie, d'une tradition orthodoxe : cérémonie commémorative des 40 jours pour libérer l'âme du défunt, coliva, chants et prières, cadeaux et aumônes aux voisins. Un détail m'a intriguée : la présence supposée du mort : un costume sur son lit que bénit le prêtre et qu'un fils devra porter au repas.
Lecture politique: dans les conversations les non-dits s'accumulent.  L'amie de la famille, ancienne communiste,  subit les reproches d'une jeune femme, et  ne se prive pas de répondre.   Sous-entendus autour du 11 septembre, de Bush, de la guerre en Irak : chacun des frères envoie des signaux que l'on peut interpréter comme autant de critiques de la vie politique roumaine. Silences, passivité envers les autorités, peur, même. C'est un peu obscur pour moi.
Tromperies et adultères sont déballés très crûment, si je m'en tiens aux sous-titres.

Sans parler de la violence routière autour d'une place de parking.
Un film foutraque et barré, comme souvent les romans roumains.  3 heures ou presque où on ne s'ennuie pas du tout!

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