En avant première, aux Cinémas du Palais : en présence du réalisateur Noé Debré et des acteurs principaux Agnès Jaoui et Michael Zinder. 2 salles combles du jamais-vu (par moi) aux Cinémas du Palais. Le dernier des Juifs dans une cité de banlieue (fictive) évidemment cela parle à Créteil, surtout en ce moment où l'antisémitisme a cru avec la guerre à Gaza.
Comédie burlesque, tragédie douce-amère portée par le couple Zinder-Jaoui, Giselle la mère, Zinder - Bellisha, son fils, 27 ans, glandeur dans la cité, qualifié de "jeune retraité". Beaucoup de tendresse entre ces deux-là, mais aussi de la bienveillance entre Bellisha et les voisins de la cité : les gamins qui zonent en bas de l'immeuble, la voisine avec qui Bellisha entretient une relation amoureuse, le cousin, les voisines voilées qui viendront le consoler, et même la Mairie qui veut valoriser le "vivre ensemble" en une opération de communication dans la synagogue désertée et fermée.
Noé Debré n'occulte pas l'antisémitisme et la violence, inscrite en filigrane (tags et graffitis). Le réalisateur, persuadé que le cinéma valorise la violence en la filmant, a choisi de ne pas la montrer à l'écran. Tant de films "de banlieue" violent sont perçus dans l'ambiguïté.
Le personnage de Bellisha est une révélation, s'inspirant de Chaplin, de Tati ou Buster Keaton ou, plus près de nous, de l'Arabe du futur de Sattouf. Personnage lunaire. Menteur compulsif, surprenant. Improbable démarcheur de pompes à chaleur dans une Seine et Marne tout aussi décalée.
Giselle malade, très malade, ne quitte plus son appartement. Dans sa claustration elle développe des idées noires. Elle veut partir. Partir où? l'idéal serait Saint Mandé, ou Paris XVIIème où les Juifs sont bien. Sûrement pas Israël où Bellisha devrait aller à l'armée et qui lui rappelle La Courneuve quand ils sont arrivés dans les années 60 d'Algérie. Elle est grognon et profère des énormités racistes, mais on ne peut pas lui en vouloir, tellement humaine.
Tragi-comique, on sourit beaucoup. Gags parfois énormes. Parfois sont plus discrets que ne détectent que les initiés (je n'ai pas vu celui de la très vieille dame qui ne parle que kabyle et que les voisines arabophones ne savent pas ce qu'elle raconte, c'est une des spectatrices pendant le débat qui l'a remarqué ). Allusions piquantes à l'affaire de la fraude à la taxe carbone et à Marco Moully ...L'humour juif se moque de ses propres travers.
Pourtant, pour moi, une impression douce-amère. Le "vivre ensemble" qui est le mot d'ordre de Créteil, est-il devenu obsolète? Chaque communauté doit-elle se séparer des autres pour former des ghettos? La désertion des Juifs des cités où ils étaient nombreux et influents comme Sarcelles et Créteil est-elle inéluctable?
Bon vent à ce film décalé!
Il n'est pas encore dans mes salles ; j'espère qu'il sortira, parce que "Shttl" ne passera pas par exemple. Trop de sorties par semaine d'après le programmateur, ils ne peuvent plus tout avoir.
RépondreSupprimerBonsoir Miriam, le film sort la semaine prochaine dans toutes les bonnes salles, je vais essayer d'y aller. Bonne soirée.
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