jeudi 1 juillet 2010

A l'ascension du Monte Gordo en 4x4

Le temps est couvert. Au col, avant Cachaço il fait même carrément frais. La piste du Monte Gordo est très étroite.

Au beau milieu de la route, devant une maison, toute une foule fait du ciment. Ils aplatissent leur tas pour que la voiture puisse passer . Je me renseigne:

- « Est ce que la route est carrossable ? »

une femme regarde le 4x4 et nous rassure.

La montée est impressionnante, cela grimpe tout droit pendant un bon moment puis les lacets sont très serrés , des épingles à cheveux, la Suzuki est très vaillante mais comment se comportera- t -elle à la descente ? D n’a pas du tout confiance. Une fois engagées, nous n’avons d’ailleurs plus le choix. Nous arrivons à une maison, une grille barre la route. Il faudrait continuer à pied. Une jolie forêt d’eucalyptus et de plantes inédites aurait fait une jolie promenade sans le soucis – que dire? - l’angoisse du retour. Qui gâche tout.


D’autant plus que Suzuki refuse de repartir. Que faire ?

de toute façon il faudra redescendre. Je pars à l'avant, en exploration. En d’autres circonstances j’aurais été enthousiasmée par la forêt magique avec les mousses et les lichens qui pendent ; les cultures soignées dans le cratère, j’aurais cherché les caféiers censés s’y trouver . Dans ce matin gris et froid, avec la perspective de la panne ou pire encore, je n’ai pas le cœur à herboriser.

Quand je reviens à la maison, Suzuki, refroidie, veut bien redémarrer, nous faisons une distribution de chewing gum et de crayons aux enfants de la maison forestière, très polis.


D entame la descente, je la précède à pied pour dégager la route des passants éventuels, je baragouine :

-« la voiture est mauvaise! »

- incrédulité

- « pas de freins » j’explique sans doute mal, le mot portugais doit être très différent.


D descend à 5 à l’heure les premiers virages, j’ai à peu près confiance, si elle a réussi à maintenir cette allure cela devrait bien se passer. Ce qui m’inquiète le plus c’est la grande ligne droite, j’ai peur que la voiture ne s’emballe.


Une vieille avec deux enfants descendent un bidon d’eau sur la tête du petit et de la lessive. Je les fais garer . Dominique les décharge du bidon et de la lessive la petite fille ravie. A un tournant, des hommes maçonnent le parapet, les femmes gâchent le ciment et surtout vont chercher l’eau pour en refaire d’autre. Elles sont 4 avec leurs seaux, j’essaie de les faire pousser pas moyen, elles entourent la voiture. Je recommence :

- « Carro mau ! »

- Non ! celle qui porte un maillot de foot est catégorique, la voiture est très bien, pour un peu, elle la conduirait elle même.

Elles ne comprennent pas pourquoi nous encombrons le passage. Je trouve la solution :

- « la voiture a chauffé, elle doit refroidir". Cela, je sais le dire en Portugais et cette explication leur convient.


Heureusement parce que D, au volant, est sur le point d’exploser. La femme au maillot bleu répète doctement les explications à ses copines, pour les freins, elle est incrédule, la Suzuki est une bonne voiture.

D maintient la cadence de tortue, tous freins serrés, à pied et à main. Nous sommes presque en bas, il faut encore franchir l’obstacle du tas de ciment (on l’aplatit à nouveau). Imprévu : un âne refuse obstinément de dégager le passage. Un gamin tire de toutes ses forces sur la ficelle, l’âne coince ses sabots, rien à faire, une des maçonnes lui donne des coups de pelle (elle tape sur le harnais, pas sur l’âne). Après l’âne, je monte en voiture, la descente se termine bien mais nous avons besoin de nous refaire. Pause à la chapelle pour être au calme.

La chapelle était très belle sous le soleil, se détachant toute blanche sur le ciel bleu .Aujourd’hui, sur un fond de nuages blancs, elle ne mérite même pas la photo. De plus, il fait froid.

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