samedi 28 août 2010

premier jour à la Havane, achats


Vendredi 13 février

Sans être superstitieuses, ce vendredi 13 ne nous porte pas chance !
Avec le décalage horaire, nous nous réveillons bien trop tôt vers 4 heures du matin., impossible de se rendormir.

Le petit déjeuner est servi dans le patio : une corbeille de petits pains frais, une assiette de fruits : papaye, ananas, pamplemousse en tranches, tortilla et très bon café. Je me livre à l’inventaire des fougères et plantes tropicales qui dégringolent de la galerie.

Acheter une carte de téléphone et une pile électrique

Il fait frais, la lumière est délicieuse. L’appareil photo est inanimé. Avant tout, faire l’acquisition d’une pile. Et d’une carte de téléphone. La rue de l’hôtel Oficios, bordée de belles maisons de pierre coloniales, conduit à la Place San Francisco, très vaste et déserte ce matin. L’église et sa fontaine de pierre font face à un très grand immeuble début 20ème siècle, une grande banque et une Poste où nous devrions trouver la pile et les cartes de téléphone. Rien, nada! Les rayonnages sont déserts : ni carte (malgré un écriteau) ni pile !

Nous consultons le plan ,assises Place d’Armes, occupée par un très joli jardin public: au centre, la statue de Cespedes entourée de 4 fontaines de pierre, de palmiers très hauts et d’arbres magnifiques.
De là, nous prenons la rue Obispo, artère commerçante. Il est encore trop tôt, les magasins n’ouvriront pas avant 9h30.
J’entre dans les hôtels,.Ambos Mundos abrite la chambre Musée d’Hemingway, et au Florida qui nous vend deux cartes de 10$. Nous trouvons rapidement une cabine téléphonique Pour appeler la France : 119 33 et le numéro sans le 0. Jusque là, tout va bien.

La Calle Obispo commence à se peupler. Il semble que les Cubains arrivent en avance au boulot et se massent devant les entrées des magasins et des bureaux avant l’ouverture.

Pour la pile, c’est beaucoup plus compliqué. Aucun magasin ne vend de pile. Il y a des boutiques de vêtements de luxe, des librairies, des cafés, des bazars mais pas de magasins de photos ni d’électricité. Dans les boutiques pour Cubains, les rayonnages de bois sont vides. Ceux du Cap Vert étaient mieux achalandés ! Du rhum, quelques biscuits secs sinon rien ! Pas de fruits, une boucherie déserte. Deux échoppes d’horlogers prétendent d’après un écriteau, réparer presque tout, mais elles sont vides . Au bout d’Obispo : le Floridita, le bar Hemingway, est fermé.

Des cubains trop aimables

Pause dans le jardin du Parque Central. Au loin, nous reconnaissons le Capitole. De l’autre côté de l’avenue l’hôtel Ingleterra et l’Opéra. Façaces Belle Epoque très surchargées. Nous nous installons sur des bancs de pierre à l’ombre d’arbres magnifiques. Ici aussi, des fontaines rafraîchissantes. Un couple s’adresse à nous en Français, elle, métisse aux cheveux courts teints en blond, lui très grand. Ils sont très contents de trouver des français et répètent inlassablement:
- " à La Havane, pas de problème, 3 millions d’habitants, un million de policiers, pas de maffia, pas d’insécurité ».
Ils vantent les chambres particulières et les paladares. Puis expliquent:
- « A Cuba trois monnaies, le dollar, le peso national, ce n’est pas pour vous, et le peso convertible »
C’est assez clair, leur but est de nous amener à changer des dollars pour des pesos convertibles. Ils connaissent un endroit au quartier chinois. Ce n’est pas notre première préoccupation, nous cherchons une pile pour l’appareil photo. Ils nous emmènent donc à un magasin qui en vend en nous faisant passer par des rues désertes très délabrées où les voitures ne peuvent pas circuler à cause de trous immenses. Nous trouvons notre pile et de l’eau fraîche. Après les achats nous leur faussons compagnie, ils demandent une commission. Je suis assez mal à l’aise de les planter ainsi mais le quartier chinois n’entrait pas dans nos plans. En longeant le Capitole nous retrouvons le Parque Central très rapidement .

Déception, avec la nouvelle pile, l’affichage électronique de l’Olympus clignote mais le flash reste immobile et le zoom inerte. La panne doit être plus grave.
J’aurais bien photographié l’Opéra, très kitsch, très très pâtisserie. Ce soir, on donne la Traviata, dans ce décor cela m’aurait bien plu.

Retour sur Obispo, chez les horlogers réparateurs polyvalents. Je confie l’appareil à l’un d’eux. Selon lui, la pile ne serait pas bonne. Nous n’avions que moyennement confiance dans le magasin minable. Peut être est elle périmée ? On nous dirige vers le grand magasin Harris Brothers où nous trouvons une autre pile. Encore une déception ! On ne peut pas se faire rembourser. J’achète deux jetables. Puis je regrette. J’essaie d’échanger les jetables contre un petit appareil bon marché. Pas question ! À Cuba on n’annule pas un article passé en caisse. Nous restons avec les jetables.

Une foule dense occupe maintenant Obispo, des échoppes de sandwiches sont ouvertes (pour nous c’est trop tôt) Les boutiques ouvertes semblent plus avenantes. Je commence à photographier les façades peintes. Sur une placette fleurie, des oiseleurs vendent des oiseaux dans des cages. Les bouquinistes ont installé leurs étals sur la Place d’Armes. Tous ces livres me fascinent : œuvres de Lénine, de Che Guevara en bonne place ainsi que Garcia Marquez ; Il y a aussi de vieilles éditions avec de belles reliures. Un marchand très jeune, style étudiant me montre un traité de Charcot sur les maladies cérébrales. De nombreux fascicules sur la Flore et la Faune de Cuba me tentent.

Je retourne à l’hôtel chercher mon chapeau de paille, il est passé onze heures et le soleil tape. A la réception je raconte mes mésaventures avec l’appareil photo, espérant qu’on m’indiquera un dépanneur : Habana-photo derrière la Place d’Armes semble la bonne adresse. Ce sont de vrais photographes. Malheureusement, leur diagnostique est fatal. La pile est bonne, les contacteurs sont fichus. Cela ne nous étonne qu ' à moitié, après le nettoyage au compresseur au Maroc .Il ne reste plus qu’à en racheter un neuf ! La boutique ne prend pas la Carte Bleue. Je cours à la banque place San Francisco. Le mauvais sort du vendredi 13 me poursuit : panne informatique ! Je rachète presque le même Olympus pour 254$ (à Roissy hors taxe il y en avait des modèles plus perfectionnés pour 99 €) .
Sieste jusqu’à 15 h. Le décalage horaire se fait sentir.

La Place d’Armes est maintenant pleine de touristes ; dans les bars des petits orchestres jouent de la musique partout. La Forteresse Royale (Real Fuerza) a belle allure. Reconstruite au 16ème siècle dans un beau calcaire fossilifère, beaux madréporaires. Au rez de chaussée, exposition de céramiques contemporaines. Certaines classiques : vases et plats émaillés, d’autres plus originales : une machine à écrire et de curieux livres de terre, aussi politiques : un globe terrestre posé sur des crânes humains, un œuf avec un bébé à l’intérieur tétant le sein, des images violentes. Nous montons sur la terrasse admirer le panorama. Et découvrons un marché. On y vend des souvenirs pour les touristes : sculptures de bois de style africain, des bijoux sans intérêt, de la vannerie et de très beaux linges, chemises d’homme à plastron plissé, combinaison de femmes en percale blanche brodée, pantalons blancs …Un orchestre noir et deux danseuses animent une petite place . Je ne résiste pas à la tentation de photographier la danseuse noire qui agite des branches de verdure. Elle vient me réclamer la pièce, je donne quelques pesos qui ont l’air de la contenter.

Nous passons à côté d’un très beau bâtiment baroque :le séminaire, en activité, qui ne se visite pas. Nous découvrons la Place de la Cathédrale bordé de très belles arcades d’un côté. Nous photographions la cathédrale à travers la colonnade et le bougainvillée rose. Une belle terrasse de café occupe une bonne partie de la place, des musiciens jouent, des femmes en costume folklorique, des fleurs dans les cheveux, avec des turbans africains ou antillais portent des paniers, elles se font photographier par les touristes .Les vieilles fument d’énormes cigares. Une vieille femme a même habillé un petit chien en l’affublant de lunettes de soleil et d’un tournesol artificiel.

De la Cathédrale, nous retournons à la Place d’Armes où nous visitons le Musée de la Ciudad dans le Palacio de los Capitanes Generales. Autour d’un beau jardin avec des paons, les arcades s’élèvent sur trois niveaux. Une gardienne nous fait les honneurs des salles d’apparat, nous montre les baignoires sculptées, le Trône, les meubles magnifiques venant d’Espagne … et prend l’appareil photo, et d’autorité, me photographie. Ce qui m’intéresse le plus ce sont les souvenirs des guerres d’Indépendance de Cuba. Nous faisons connaissance avec les personnages de ces guerres Cespedes, Marti. Nous voyons les drapeaux américains de cette guerre contre l’Espagne et prenons contact avec une histoire complètement ignorée.
Enfin, nous passons par l’église San Francisco. Par les portes ouvertes nous voyons l’intérieur sobre mais renonçons au Musée d’Art sacré. Arrivons à la Vieille place plaza Vieja : très très vaste. Pas de touristes, beaucoup d’enfants, des gamins jouent au ballon, d’autres ont une trottinette et des patins à roulette. Au centre une fontaine, une exposition de sculptures modernes gigantesques en fer rouillé.

De retour à l’hôtel, la malédiction du Vendredi treize a encore frappé.! Notre guide Gallimard a disparu. Je retourne en vitesse à la Plaza Vieja par le chemin le plus direct : Obrapia (sur laquelle donnent les fenêtres de notre chambre) Santo Ignacio. Je suis contente d’arriver à me repérer dans notre quartier, malheureusement, le livre est passé par pertes et profits. Le réceptionniste nous monte dans la chambre une salade de poulet et des calmars pour 10 $.

Après le dîner, nous faisons un dernier tour : Place d’Armes et le petit Temple grec qui commémore la fondation de La Havane. Nous longeons les docks (un cargo rouillé sur l’autre rive) et rentrons par la Plaza Vieja espérant retrouver le guide Gallimard. Les rues sont désertées par les touristes mais il y a de la musique dans tous les bars.

Si les péripéties de la journée ne nous ont pas permis de visiter sereinement et méthodiquement la Vieille Havane en suivant studieusement les itinéraires des guides comme nous le projetions, en revanche nous avons ratissé le quartier et découvert au hasard des maisons peintes à balcons, des moulures et stucs Belle Epoque, des façades baroques ou coloniales, sans parler des vitraux en demi cercle surmontant souvent les fenêtres.

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