dimanche 14 novembre 2010

De Bohicon à Natitingou en Taxi-Brousse

Dans le Taxi-brousse Dieu est avec nous..

Il est dix heures passées, le calme est revenu dans la gare routière. Les cars sont passés. Nous sommes en rade. Il reste toujours le taxi. Je négocie la banquette arrière : 4 places au lieu de deux pour nous seules, il baisse son prix à 7000F (7000X4=28000F). Il « casse » son prix à 26000F. Chargement, attente d’autres clients. Trafic de bidons dans le coffre. Deux hommes montent sur le siège du passager. Ce sont les clients qui paient l’essence au revendeur.

Dassa, Savalou, Banté


Jusqu’à Dassa, nous traversons une verte campagne très boisée. Autour de Dassa, paysage très pittoresque : les 41 collines coiffées de chaos granitiques. Après Dassa, on prend à droite vers Savalou. Le paysage prend une allure désolée, beaucoup plus sec, des incendies ont grillé la maigre forêt.

Entre Savalou et Banté, la misère est désolante. Les villages rues en ciment croulant aux auvents de tôle rouillée sont tristes. Pas d’enseignes peintes colorées rigolotes les « Dieu le fera » et les « deo gracias » sont effacés. Seuls panneaux peints de neuf, les pancartes des ONG du monde entier soulageant ici, une école, là, un dispensaire. Des pancartes « Le SIDA est là, sois fidèle ! » paraît être une exhortation dérisoire dans un pays où la polygamie est ordinaire et où les préservatifs sont des articles de luxe.
Sur les petits étals des marchés, pas grand-chose. Avant Dassa, les cylindres blancs de « gari » (manioc) avaient attiré mon attention. Ici, même pas de mangues. A Bantéle vieux monsieur assis sur la banquette avant est remplacé par une dame très élégante.

arrêt déjeuner

Le chauffeur décide un arrêt déjeuner : on sert dans une assiette du riz avec de la sauce rouge. Sans la sauce, le riz doit être digestible par un estomac européen. Je n’ai pas confiance dans la propreté de la gamelle. J’espère des fruits frais. Je me promène sur les planches qui vont d’un étal à l’autre passant du cybercafé (eh oui !) aux articles de toilette : savon, manioc, haricots secs. Rien de frais même pas de petites mangues. Je me demande comment j’aurais pu manger des mangues dégoulinantes dans le taxi. On me promet :
- « A Pira, il y aura des bananes ! ».

La route longe la frontière togolaise, nous avons même cru que nous étions passées au Togo. Ce n’est pas la douane mais le péage de la route. La forêt verdoyante reprend le dessus. Le paysage devient plus riant.

Bassila

A Bassila, enfin, j’achète des bananes, un avocat et une mangue pour 600F. Je mange avec avidité les bananes. Le petit déjeuner d’Abomey est loin.

Crevaison !


Ce n’est pas étonnant. J’avais remarqué l’état des pneus. Le chauffeur a répondu
- « Dieu est avec nous ! »
Effectivement Saint Michel Archange, sous forme d’autocollant est présent sur le tableau de bord. On a entendu la messe à deux reprises à la radio. Cette radio n’émet que des bondieuseries et pas RFI, comme dans la voiture de Thierry. D a blasphémé. Nous sommes punies.

Gare routière de Djougou

La réparation est rapide. A 17H nous sommes à Djougou. Le chauffeur nous confie à un autre taxi pour les 85 km restants. Il y a du réseau pour le téléphone portable : j’appelle Léon pour le prévenir de notre retard.Le chauffeur du taxi brousse nous débarque sans me rendre la monnaie et nous confie à un autre taxi.

Un placeur installe une famille avec au moins quatre enfants sur la troisième banquette du break Peugeot. Puis, D, qu’il appelle « Maman » devant. Sur la deuxième banquette, se tassent 4 personnes. Il ne me reste plus qu’à me coincer entre Dominique et le chauffeur. D ne l’entend pas ainsi et pique une grosse colère. Nous avions fixé 26000 F pour 4 places. Il rend la monnaie sur 28 000 et nous voilà tassées ! C’était bien la peine de payer si cher ! D se lève et part dans le marché. Je suis à bout de nerfs après 10 heures de route, 40° à l’ombre, en plein marché, seules blanches, c’est bien le moment de faire une colère!Je vais au coffre retirer nos bagages. Il y a une poule vivante dans une bassine au dessus de notre valise. Heureusement la grippe aviaire n’est pas encore arrivée au Bénin.

"Elle va revenir!"

Tout le monde proteste : le chauffeur était un malhonnête ; D a eu raison de se fâcher,
- « elle va revenir, il faut l’attendre ! ».
Je retarde une douzaine de personnes en plein cagnard ! J’ai oublié que nous sommes en Afrique, pays où on attend facilement

D’ailleurs, D est de retour. Le nouveau chauffeur est musulman :
- « Allah récompense les gens patients » dit l’autocollant collé au tableau de bord.
Le taxi se détourne de la route pour poursuivre le chauffeur indélicat jusqu’au garage où il fait réparer sa roue.

Le nouveau taxi avale les kilomètres. En une heure, nous voilà à Natitingou. Pour racheter l’honneur des chauffeurs béninois, nous sommes conduites à domicile à l’hôtel Tata Somba. Normalement les voyageurs sont déposés à la gare routière, puis pris en charge par les zemidjans.

Tata Somba

Accueil chaleureux de Léon, le lion
Léon nous attend en haut des marches et nous fait la bise. L’accueil est très chaleureux.

L’Hôtel Tata Somba est un hôtel datant des années 70, construit autour d’une jolie piscine. Chaque chambre est ronde comme une case africaine, l’ensemble fait un cercle autour d’un jardin. Il est crépi de rose imitant la terre rouge. La chambre est climatisée mais aveugle. Pas d’ouverture, mais la Télévision. « Questions pour un Champion » quand on l’allume.

Léon nous attend au jardin et nous offre un pot. Notre correspondance sur INTERNET nous vaut un traitement de faveur. Il se présente lui-même : » le Lion », il est très expansif.

Dîner aux chandelles dans le jardin : spaghetti bolognese. La carte est chère. Les spaghettis sont très copieux. Je prends un dernier bain de nuit puis nous donnons nos nouvelles au téléphone : pendant trois jours nous serons dans la brousse, injoignables.

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