dimanche 14 novembre 2010

soirée avec Gabin : cérémonie et poulet bicyclette




Il va venir… Il faut attendre…

Marie Josée est revenue, vêtue à l’Européenne en pantalon mode baggy accompagnée par un homme « Gabin, comme Jean Gabin, l’acteur ! ». C’est le Directeur du musée privé dont elle m’a parlé en début d’après midi et c’est le guide officiel de l’hôtel. Nous voilà bien ennuyées.

Nous avons maintenant deux guides !
Ce n’est pas la première fois que nous sommes dans cette situation gênante. Nous ne faisons pas suffisamment confiance aux Béninois qui, de leur côté sont plutôt lents à la détente. Comme nous ne voyons rien venir, nous nous agitons en tout sens et nous adressons à une autre personne. C’est une erreur. Il nous faut être plus patientes, apprendre à attendre. « Il va venir », « Il faut attendre », nous serine-t-on ici. Il y a beaucoup de guides et peu de touristes.
Comme par magie, Otis, au téléphone, surgit au bon moment. Il a appelé l’office de Tourisme, tout est arrangé. C’est Gabin qui nous accompagnera à la Cérémonie et nous fera visiter la ville demain.

en attendant Gabin

Dans le quartier tout proche, ce soir il y a aussi des Revenants. Ce sont des Masques. J’espère que Gabin nous montrera également les Revenants.
Ce matin, j’ai demandé à Hawa, la bonne, s’il risquait de pleuvoir.

- « Non ! parce qu’il y a des Revenants » affirme-t-elle.

Bizarre météo ! Ce soir, alors que nous attendons Gabin qui a disparu, elle nous confie :

- « Heureusement que vous serez avec Gabin qui est un grand initié. Quand les Blancs sont tout seuls les Revenants les poursuivent, et se moquent d’eux ».

Foot

Comme Gabin n’arrive toujours pas, nous sortons sur la place devant l’hôtel pour l’attendre et guetter les Masques. Des jeunes jouent au foot (la place est aménagée avec des cages) Le ballon arrive sur nous, Dominique shoote. Les garçons la félicitent. Ils ont vite fait de nous encercler. Ils connaissent Zidane et Ronaldo et Ronaldinho (notre répertoire ne va pas plus loin). Au Bénin on suit sur FRI le Championnat Français, il y a même des paris.

D organise une séance- photo. Pas de refus ! Au contraire, ils veulent tous être pris en portrait, seuls. J’explique :

- « L’appareil n’est pas numérique, il faut des rouleaux on n’en n’a pas beaucoup. »

Ils n’insistent pas. C’est vrai qu’avec un numérique on aurait pu leur montrer le résultat et éventuellement supprimer après !

La Cérémonie


Gabin finit par arriver. C’est trop tard pour les Revenants. Il nous conduit à pied à la Cérémonie qui a lieu sur une place devant un petit temple peint en blanc tacheté de rouge décoré avec des personnages naïfs. Il s’agit d’honorer une divinité de l’eau et les esprits des enfants royaux mal formés. Dans la famille royale, on éliminait les enfants malformés mais ceux-ci devenaient alors des divinités. Dominique est très choquée par cet eugénisme
- « Il faut que les rois soient beaux et sans tache ».

D’un côté l’assistance est assise autour des musiciens, joueurs de tamtam. En face, les danseurs, les initiés et les possédés. Ils sortent d’un porche. Un rang d’hommes et un rang de femmes vêtus de tenues chamarrées multicolores avec des mètres de tissus précieux repliés. Un couvre-chef décoré. Des bracelets de métal aux chevilles et aux poignets. A la ceinture, un sabre dont la pointe du fourreau ressort sous les tissus bouffants. Le Maître de Cérémonie arrive sous un parasol brodé. Ses habits sont tout dorés ou argentés ; il luit sous les perles cousues, les tissus aux fils d’or et d’argent et porte un bonnet à oreilles orné de perles.

Nous sommes les seules blanches mais personne ne fait attention à nous, si ce n’est pour nous offrir une bonne place assise. Les danseurs font des pas lents, très compliqués. Même ceux qui sont âgés sont d’une souplesse surprenante, sautant sur un pied, se ramassant, se détendant. J’essaie d’interroger Gabin qui reste très évasif. Sans doute, ne veut il pas trahir des secrets. Après les hommes qui dansent seuls ou deux par deux, les femmes dansent en ligne à pas mesurés. Comme les hommes, elles portent des cannes, symbole de puissance. Plus la soirée avance, plus les chanteurs se déchaînent, suivis par l’assemblée. Gabin murmure. Une longue file d’initiés est placée devant nous distants d’à peine 1,50m. Je peux observer à loisir les bracelets de coquillages blancs et rouges haut encerclant leur bras près de l’épaule, presque à l’aisselle. Les nombreux colliers et pendeloques à leur cou. Les coiffures compliquées tressées avec des perles et des coquillages, chapeaux bizarres. Des spectateurs se précipitent, le front dans la poussière, baisent les pieds d’un danseur, puis se relèvent rapidement et reprennent les chants.

Au bout de trois quarts d’heure, Dominique est rentrée seule. Je souhaite profiter plus longtemps de ce magnifique spectacle. Une bouteille placée devant les chanteurs « leur donne de l’énergie ». Peut être va-t-il se passer quelque chose. Au dessus de nous, le ciel est zébré d’éclairs qui renforcent l’atmosphère dramatique. Gabin remarque « on ne voit plus les étoiles, il va pleuvoir ». Nous rentrons sous de grosses gouttes qui ne mouillent pas. Au loin, le tonnerre. Chacun espère la pluie. Nous avons oublié de nous protéger des moustiques. Il n’y en a pas.

Le poulet-bicyclette est dur


D invite Gabin à dîner. Mauvais convive ! Il s’empare de la radio, écoute les nouvelles, les premières décisions du nouveau gouvernement, les commentaires sur la nouvelle politique cotonnière, les réactions des syndicats. Les Béninois sont vraiment passionnés de politique. Ils ont balayé Kérékou au nom du changement et continuent, même les élections terminées, à suivre avec ferveur l’actualité. Le dîner tarde à arriver. Le troisième couvert a perturbé en cuisine. D, lasse d’attendre, s’est éclipsée. Elle n’est vraiment pas africaine ! Je suis un peu confuse de ce manque de politesse. A Rome fais comme les Romains ! A Cotonou, arme toi de patience ! La perception du temps n’est pas la même que sous nos latitudes tempérées. Tout se fait plus lentement. Les nouvelles sont terminées, succède une émission sur la constipation à la radio.

Enfin le poulet arrive. Est-ce le fameux « poulet-bicyclette » ? J’essaie de planter la fourchette dans la cuisse. C’est dur, impossible à couper. Gain mange avec entrain, utilisant ses doigts. Je détache l’aile et trouve le blanc, à peu près comestible. La graine du couscous est délicieuse.

Je trouve D assise dans le jardin. La pluie a rafraîchi l’air. Il fait une température agréable. Nous retardons l’heure de nous enfermer. D dit qu’elle s’est trompée et qu’elle a mis le bouton du chauffage Sur un ventilateur ! la chaleur fait déraisonner !

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