samedi 3 décembre 2016

Ludwig van à la Philharmonie

Beethoven est produit comme un héros complet doté d'un discours (fait rare chez un musicien) d'une légende(une bonne dizaine d'anecdotes) d'une iconographie, d'une race (celle des Titans de l'Art comme Michel-Ange et Balzac) et d'un mal fatal (la surdité)/
Roland Barthes

Comment mettre en scène un musicien dans une exposition? (je m'étais posé la même question à propos d'un écrivain, Oscar Wilde). Avec de la musique, omniprésente : audioguide avec un casque gratuit, mais aussi musique baignant chaque pièce. Avec des documents d'époque. Surtout avec des images, des textes et des sculptures inspirés par la légende. Si c'était uniquement le compositeur dans l'histoire de la musique, l'intitulé de l'exposition aurait sans doute été Beethoven . Celle-ci ne s'appelle pas Ludwig van par hasard. Il s'agit plutôt de mettre en scène l'icône que Beethoven est devenu.
Introduction : un Beethoven très contemporain détourné par les humoristes, utilisé à outrance par les publicitaires. Un mur d'image projette des vidéos rigolotes (Pierre Desproges, entre autres).
Comment devient-il une icone? en mourant!
La salle suivante, "Du passage de la vie à l'état d'icône" raconte la mort de Beethoven(1827). Rotonde autour de son(ses) masques mortuaire(s). Salle noire où l'on voit des annonces funéraires, des lettres et les représentations des funérailles et l'éloge funéraire de Grillparzer: "Ainsi fut sa mort, ainsi vivra-t-il jusqu"à la fin des temps." Romain Rolland remarque : "jamais Empereur d'Autriche n'eut de funérailles telles que Beethoven."
Funérailles de Beethoven
La musique de la Symphonie n°7 baigne la pièce suivant, rotonde en grisaille, autour d'un masque pris du vivant de Beethoven et autour les œuvres inspirées par ce masque.
Alois Kolb : le baiser au monde entier
Le plus étrange est la gravure de Aloïs Kolb (1909) le Baiser au Monde entier et trois étranges pastels symbolistes de Lucier Lévy-Duhumer.
Lévy-Dhurmer : Appassionata
Au casque j'écoute la transcription pour piano de Liszt et une variation de Jacques Loussier.

Une grande salle bleu nuit a pour titre Le Musicien comme Prophète où la légende dorée est illustrée par des gravures ressemblant parfois à des images pieuses. J'ai surtout remarqué Beethoven dans un paysage d'orage de Carl Schweninger. 
De nombreux textes illustrent cette légendes : Ernest Theodor Amadeus Hoffman, Schopenhauer, Kandinsky, Gide et Le Corbusier. Le  grand tableau de Benjamin Constant Beethoven, la sonate au Clair de lune est bien sombre. Celui de Balestrieri (1900) Sonate à Kreutzer est plus gai avec la jupe rouge de la femme au premier plan et le plancher jaune.
Balestrieri Sonate à Kreutzer.
Au casque écoute de La Missa Solemnis de Beethoven ayant  inspiré Bruckner et Mahler.
Une salle Têtes tragiques au son de la sonate pour piano n°31 est décorée de nombreux bustes, de Rodin (masque de Hanako), de Bourdelle d'un chinois Zhongsian.
Une série de livres est consacrée à la surdité de Beethoven : Romain Rolland, Victor Hugo et même Dali et Gauguin.
Kundera et Léo Ferré ont utilisé la formule Muss es sein? Es muss sein. Léo Ferré interpelle Beethoven à travers les siècles: Ludwig, Ludwig, reponds. T'es sourdingue ma parole.... 
Seulement après, vient l'évocation chronologique de la vie du musicien, dans des petites vitrines qu'on allume soi-même avec des documents d'époque. Anecdote : la Lettre à Elise et elle vraiment de Beethoven?
Enfin, comme une apothéose  les Destinées politiques avec l'Hymne à la joie et toutes les occasions héroïques : ) Varsovie en 2004, devenue européenne, avec le Mur de Berlin, ) Kiev sur Maidan, en Chine.... au casque Pete Seeger.
Fidelio aussi avec un poème Chant des douleurs de Fleischmann écrit à Therezin...
Il faudrait aussi parler de Beethoven inspirant les artistes Sécessionnistes de Vienne avec Klimt, et bien sûr du cinéma.
L'exposition se termine sur un énorme cornet acoustique qui sert d'affiche à l'exposition.










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire