dimanche 14 novembre 2010

Abomey : le Palais des rois du Dahomey


Chez les rois d’Abomey

Sur les motos, nous faisons le tour de la ville en passant devant les palais privés où nous n’avons pas accès.

Hier, j’avais postulé une audience chez le roi. Ce matin on m’avait annoncé qu’il fallait payer 50 000 francs, beaucoup trop cher pour nous ! Le fonctionnaire a rappelé chez Gabin, le prix de l’audience est descendu à 20 000francs. Je décline à nouveau cette proposition.

Gabin nous confie à un guide du Musée parlant avec un accent que Dominique ne comprend pas. Parcours accéléré, pas le temps de lire les pancartes ni de nous attarder devant les vitrines contenant de très beaux objets : les trônes des rois du Dahomey faisant face aux Asen (autels portatifs métalliques décorés avec les symboles des différents monarques. Ces autels étaient consacrés avec du sang.

Un trône reposant sur des crânes humains


Le trône du roi Ghizo repose sur 4 crânes humains. Les murs des petites cases de méditation sont pétris avec le sang des prisonniers sacrifiés et de la poudre d’or et d’autres trésors. Décidément ces rois étaient vraiment sanguinaires !

Les épouses

Nous traversons les différentes cours, celles des Reines, comme à Porto Novo. Un roi a eu jusqu’à 5000 épouses, dont un certain nombre se suicidèrent pour lui tenir compagnie dans l’au-delà.

Bas reliefs

Sur les murs, des bas-reliefs peints aux symboles des rois successifs. Chaque symbole est associé à un mot d’ordre, sorte de proverbe résumant le règne ou le caractère du roi. A cette histoire dynastique, se surimposent l’histoire de l’esclavage et celle de la colonisation à travers la résistance de Béhanzin. Le musée est bien présenté, chaque bâtiment contient une exposition thématique : symboles du pouvoir royal, agriculture, armes avec les fameuses amazones au sein coupé.
Un couple de Béninois s’est joint à notre visite : lui, petit et timide, elle, grande très belle, avec une robe magnifique, des escarpins à bouts carrés, les ongles des pieds peints avec de petits motifs délicats et colorés, des spirales d’or à ses oreilles et son cou.
Vers la fin, nous visitons des endroits sacrés : la cour où se trouve la fosse commune des reines puis le tombeau d’un roi. Mais, "un roi ne meurt pas. Il est encore vivant." C’est même l’endroit le plus vivant du Palais puisqu’on honore encore ses esprits par des sacrifices d’animaux. On offre au peuple les viandes des sacrifices. "Même après avoir quitté son corps le roi nourrit encore son peuple" . Les sacrifices humains pratiqués autrefois sont remplacés par des sacrifices d’animaux depuis plus d’un siècle (seulement !).

Pour fouler la cour et entrer dans la case du tombeau, il faut se déchausser, se courber sous la porte très basse, faire la révérence devant la couche, et laisser une offrande dans la calebasse. D reste de côté : elle a du mal à enlever ses chaussures de randonnée à lacets et les révérences à un roi mort ne lui disent rien. Je me prête de bonne grâce à l’hommage, désireuse de communier avec les dahoméens.

Nous retrouvons Gabin et son acolyte dans la vaste cour occupée par les artisans qui fabriquent sous nos yeux les souvenirs qu’ils vendent. Les tentures brodées nous plaisent. Pour une fois, les marchands ne sont pas trop insistants. Après nous être concertées et, avec l’aide de Gabin, nous achetons la belle tenture présentant les symboles des douze rois : patchwork marron et noir sur fond blanc pour le salon et un singe très coloré sur fond bleu.

Baobab

Les photos sont interdites dans le Musée mais pas à ses abords. Je jette mon dévolu sur un magnifique baobab. Depuis Cuba et le roman de Zoé Valdès, la Douleur du Dollar, où la ceiba jouait un rôle magique, je suis fascinée par les baobabs. En dessous de l’arbre, des enfants m’appellent : « Yovo, achète le caméléon ! ». Il est ravissant, vert fluo, attaché à une ficelle. Maintenant que j’écris, je pense que j’aurais dû l’acheter pour le libérer des mains des enfants, comme on libérait les oiseaux dans les temples en Thaïlande.

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