dimanche 14 novembre 2010

premières impressions du Bénin


Première nuit africaine

3 heures du matin, arrêt du ventilo et extinction de toutes les lumières.
L’électricité ne revient que vers 7 heures, fournie par un générateur qui fonctionne de 18 h à 24h, de 7 à 10 et vers midi. Exprès pour nous, ils ont laissé le courant plus longtemps cette nuit. Les générateurs supportent mal l’air marin saturé en humidité et en sel qui corrode tout ce qui est métallique. Ce qui explique aussi la mésaventure de la serrure. L’eau est également salée. On se lave les dents à l’eau minérale Potossomé.

notre bungalow

Notre bungalow est très vaste, haut de plafond avec son toit à double pente doublé de bois. Le lit, couvert de batik brun est surmonté d’un baldaquin de mousseline posé sur deux fils tendus à travers la pièce : la moustiquaire. Le vent de la mer a chassé les insectes, elle est donc inutile cette nuit et sert de décoration.

Face au lit, une sorte de salon en bois exotique : le bois lourd est sculpté avec des motifs de lions aux accoudoirs mais aussi aux pieds, le dossier est à clair voie. La matière est belle, la sculpture très réussie. Au dessus, un tableau naïf représente deux tambours mâle et femelle (attributs très explicites) joués par trois tambourineurs chacun armés de sorte de crosses. Plus lion un village de cases rondes. Dans le ciel, un avion. Sous la fenêtre, un grande table rectangulaire recouverte d’un tissu à grands ramages avec un jeu d’awalé. En face, une armoire de bois contient notre « trésor », coffre-fort tout à fait indispensable puisque nous transportons tout l’argent du voyage en espèces.

Nous avons très bien dormi. En déballant nos sacs, nous ne retrouvons plus rien, nous ne savons quels habits choisir. Y a –t- il des moustiques le matin ? Où avons-nous mis les passeports ? Comment téléphoner ? Mon portable n’accepte pas la carte SIM. Il proteste, « insérer une carte Sim correcte". Il faut trouver une autre solution. Heiner propose de louer un appareil à un Africain.


la plage

Avant le petit déjeuner, nous avons traversé le jardin pour découvrir la plage, magnifique, bordée d’une rangée de très beaux parasols de paille surmontés d’un pinacle rond, abritants des lits de bois. Le sable est très propre et la vague pas trop effrayante, ce matin. Une femme vêtue seulement d’un pagne long enroulé, les seins pendants, vient à notre rencontre. A l’aide d’un balai en palme de cocotier, elle a nettoyé la plage.

Conversation à bâtons rompus pendant le petit déjeuner

Le petit déjeuner est somptueux : un grand verre de jus de fruit frais, ananas-orange, une mangue découpée en hérisson, délicieuse, à point, fondante. On nous propose müesli ou omelette. L’omelette aux fines herbes est parfumée, avec des morceaux de tomate.

Gruyère ou Brie complètent le menu ainsi que de la confiture confectionnée par des moines au nord du pays.

Heiner nous tient compagnie. Il a travaillé pour un institut de recherche sur la Cécité du Fleuve, maladie parasitaire véhiculée par de petites mouches qui pondent sur la peau des paysans. Des milliers de vers microscopiques s’attaquent au système nerveux, provoquant la cécité. Maladie de pauvres, peu rentable. Si jamais on développait un remède, les pauvres paysans n’auraient pas de quoi payer le médicament.

Au Bénin depuis 16 ans, il ne voit pas le développement du pays décoller, au contraire ! Il nous montre les aberrations du système : le café qu’on fait venir d’Europe, alors qu’il pousse ici. Les confitures françaises que les expatriés préfèrent, puisque les produits locaux ne se vendent pas meilleur marché. L’indolence de la population a fini par l’irriter : la banque de l’aéroport est ouverte l’après midi quand il n’y a pas d’avion mais elle ferme à 20heures même si le vol d’Air France est retardé. Pour digérer la Malarone, Dominique s’inquiète du lait : il faudra acheter Nestlé ou hollandais, condensé ou en poudre. Heiner essaie de mener son affaire « à la suisse » il est contrarié par l’indolence des béninois.
Expédition à Cotonou
Thierry, le chauffeur de taxi, vient à 9heures nous chercher avec son taxi jaune (toujours marque non identifiée). Il nous conduit à Cotonou. Moronikê nous accompagne jusqu’à l’entrée de la ville elle prendra un zemidjan.

la route des Pêches

De jour, la route paraît moins misérable : les cocotiers sont magnifiques. Sur la plage, une dizaine de pêcheurs tirent un filet. Ce sont eux qui vivent dans les huttes de palmes tressées. Des nattes tressées délimitent des enclos. Dans les cours, on voit les femmes ; du linge sèche. Tant qu’il y a des cocotiers et de la verdure, ces villages sont jolis, pittoresques. A l’approche de l’aéroport, des terrains vagues séparent les groupes de bicoques. Des hommes errent sans but apparent. L’un d’eux « cherche du papier pour se mettre à l‘aise » selon Thierry.

maraîchers

A l’entrée de la ville : les lopins des maraîchers, parcelles de 5x3m environ, avec des plants de carottes, oignons, salades. Des hommes passent portant un arrosoir dans chaque main.

quartiers officiels

Sans transition, l’hôtel Sheraton en face du Siège de la Banque Mondiale, puis la Présidence – en chantier- des bâtiments officiels, l’Ambassade de France. Nous retrouvons ensuite des rues encombrées de mobylettes, les trottoirs occupés par de petits étals de fruits soigneusement empilés, des cabines téléphoniques dans une baraque de bois, des pièces de voitures à même le sol. Nous approchons du marché.
Supermarché de la Pointe
Supermarché (pour le lait), je vérifie les dire d’Heiner : conserves de pois chiches et de tomates venant de Provence, grand rayon de vins fins : on peut trouver du Sauterne ou des grands Bourgogne.

Cartes postales à la Librairie Notre Dame où nous reviendrons pour les fournitures scolaires. En plus des manuels scolaires et universitaires, sur des tables, de la littérature africaine francophone. Mention spéciale pour Aimé Césaire, qui n’est pas africain mais qui semble très lu ici. Si nous restions plus longtemps, si nous étions plus riches, j’achèterais des piles de bouquins.
cathédrale et mosquées

Nous passons sans nous arrêter devant la cathédrale carrelée de rouge et blanc. les rayures horizontales me font penser au style pisan, le carrelage aux azulejos portugais. L’ensemble est original sinon beau. Des mosquées aux minarets neufs lui font concurrence. Les rues principales Clozel et Steinmetz sont noires de mobylettes, motos et pollution. La cause de cette pollution monstrueuse est clairement identifiée : c’est l’essence qui se vend dans des dames-jeannes, des bouteilles d’huile ou de pastis bouchées ou non. C’est de l’essence de contrebande venant du Nigéria très peu raffinée vendue 350 CFA alors qu’à la pompe c’est 450.

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