samedi 28 août 2010

arrivée à cayo levisa par temps couvert


10 h nous embarquons sur un tout petit bateau comme ceux qui emmènent les touristes en plongée. C’est sans doute le même. Les valises sont entassées sur le pont, tout le monde s’assoit sur le rebord. La mer est grise, très calme, le trajet très court. Nous voyons la ligne de côte avec ses palmiers échevelés qui s’éloigne. Déjà on s’approche de la mangrove. On devine le sable blanc de la plage Le bateau accoste sur un ponton de bois dans les palétuviers.


Un homme empoigne le sac à dos, je lui confie la valise, nous parcourons une centaine de mètres sur un chemin de planches et aboutissons à la réception d’une sorte de Club Med. Accueil en musique avec cocktail de fruits tropicaux .Un employé prend le voucher et nos passeports. Nous poireautons un long moment avant qu’on ne nous conduise au bungalow n°33 (composé de quatre appartements, nous sommes au rez de chaussée)Le bungalow est tout neuf, meubles modernes, climatisation avec télécommande, télé satellite, des lits jumeaux d’au moins 1 m de large La décoration est de bon goût sur les thème des coquillages Au fond un vaste placard très bien conçu pour les valises avec deux penderies .Je vide la valise, pour trois nuits, cela vaut le coup de s’installer. Pas de coffre fort. Propreté et confort sans reproche.


Vers midi, nous sommes installées. Notre île déserte ressemble à un catalogue de vacances : sable blanc et cocotiers. Il manque quand même le soleil !


Le ciel est plombé de gros nuages gris. Le vent est très frais. Nous nous promenons sur la plage. L’eau est tiède, le sable très doux. Nous trouvons des coquillages. Les premiers sont cassés. D en trouve un entier et me l’offre. Le coquillage me pince, il est habité par un beau bernard l’ermite avec de belles pinces bleues et de longues antennes comme celles des crevettes. Nous trouvons aussi de grosses éponges tubulaires, candélabres fantaisistes et décorés. C’est la première fois que j’en trouve. Il y a aussi de petites boules gélatineuses irisées : Des méduses ou des œufs ? D’autres méduses ressemblant à des physalies sont ourlées d’un bord bleu nuit très beau. Je les manipule avec précaution.


Le restaurant est une grande paillote rectangulaire, très simple du dehors beaucoup plus agréable que la cantine de Los Jazmines conçu pour les groupes en car. Comme l’île n’offre aucune autre possibilité de restauration, nous sommes en pension complète (j’avais cru lire en demi pension). Je commande une soupe de poisson très légère mais contenant des morceaux entiers. Puis des poissons grillés avec de l’ananas, on dirait de l’espadon.Au dessert, riz au lait à la cannelle. Un guitariste et une chanteuse jouant de diverses percussions animent le restaurant. C’est extraordinaire, cette musique vivante partout.


A l’extrémité de l’île, je découvre un domaine enchanté. Quelques arbres morts se détachent au contact de l’eau, puis des branches sèches forment un entrelacs que je contourne avec difficulté, m’enfonçant dans le tapis épais d’herbes marines desséchées, enroulées comme des copeaux, sans doute des Posidonies. Tantôt les racines aériennes des palétuviers pendent comme des lances menaçantes, tantôt elles ressortent de terre, pics argentés par le temps, polis par le sable, pièges à déjouer. Je suis prise dans un labyrinthe si loin de la civilisation. J’ai enfin l’impression de me trouver sur l’île déserte promise. Personne n’est passé sur ce sable. Pourquoi les palétuviers sont ils morts ? Les écorces se détachent laissant des traces de rouille autour des troncs. Partout des terriers de crabes qui fuient à mon approche et rentrent dans leur trou. Un arbre bien vert, à quelques mètres du rivage sur son radeau de racines aériennes entremêlées en arceaux complexes. Parti seul à la conquête de la mer, son feuillage dégagé forme une boule parfaite découpée net au niveau de l’eau .La langue de sable est si étroite, une dizaine de mètres à peine puis c’est la mangrove dense et verte avec des chenaux d’eau immobile limpide et verte. Je la rejoins avec peine, rusant avec les obstacles. Dans l’eau peu profonde nagent de très petits poissons et des crevettes. Cette découverte m’enchante. Il me faudrait venir avec mon nouveau carnet moleskine dessiner l’arbre-radeau et les formes compliquées des squelettes des palétuviers ?


Je retourne en marchant dans l’eau, me jouant des obstacles et profitant de l’eau tiède. La marée montante a envahi le sable blanc, la plage a presque disparu sous les accumulations de copeaux de feuilles et sous les tas d’algues. Je rentre les mains chargées de trésors : test d’oursin énorme et deux éponges.

D a rapporté les siens :une belle éponge et deux boules mystérieuses, une noire sans doute une graine, et une blanche, peut être un œuf, accroché à des rameaux, des squelettes de créatures marines étranges et translucides en forme de clochettes fragiles.


Je retourne avec mon carnet moleskine mais le vent a forci, les nuages se sont épaissis, il tombe des gouttes qui m’empêchent de dessiner. Je reprends ma promenade à la lisière de l’eau jusqu’à la tombée de la nuit. La caresse de la vague qui vient mourir sur le sable, se retire et revient suffit pour me ravir. Je marche avec précaution pendant le reflux sur ce sable extrêmement blanc d’une finesse inouïe. Ce bonheur est un cadeau des dieux et Je me concentre sur le plaisir simple de la promenade . Résister, profiter quand même de Cuba. Devenir encore plus adulte, sortir du cocon pour être capable de vivre seule. De tristes pensées roulent dans ma tête mais n’arrivent pas à altérer la plénitude physique du contact avec cette frange de la plage.

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