samedi 28 août 2010

Vinales : en rando avecJesus


Anita, la jeune fille de l’Agence Touristique est très efficace et gentille. Elle a réservé notre taxi pour Cayo Levisa demain .C'est un minibus – (10 $ chacune), a remboursé D pour la promenade qu’elle n’a pas faite. Maintenant, elle organise une balade spécialement pour moi.


Déjeuner à la piscine : spaghetti et bisteca a la plancha (porc mariné ; très tendre). A deux heures je suis prête, comme le guide est en retard, elle me tient compagnie. D’après elle, le temps est bizarre cette année, pas de pluie pendant la « saison des pluies » et ce front froid qui s’éternise en février est inhabituel. Il n’y a plus de saisons ! Antienne connue !


A 14h15, un minibus arrive, le chauffeur de taxi, Pancho, et un couple d’Irlandais que j’avais remarqués à Roissy. Pour aller de Dublin à Cuba, ils ont fait escale à Roissy. L’Irlandais est principal de collège à la retraite, il a fait mai 68 à la Sorbonne !


A Vinalès, mon guide monte. Il s’appelle Jésus. Le minibus s’arrête devant une minuscule école primaire deux classes dans un petit bâtiment bas en ciment crépi. Dans les classes parmi les inscriptions patriotiques, une citation de Marti « Apprendre à lire c’est apprendre à marcher » Un instit se charge des grands, 8-10 ans, une demi douzaine de garçons en uniforme, chemisette blanche et foulard, scout noué autour du cou. Au fond de la classe, l’instit est muet, c’est la télé qui fait cours. Dans l’autre classe, l’institutrice des petits n’a que trois élèves. La réception de la télé est très mauvaise. Jésus m’explique que c’est à cause des mogotes qui font écran avant d’aller déplacer l’antenne perchée sur un poteau enfoncé dans la terre. L’école n’est pas reliée au réseau électrique ; des panneaux solaires situés sur le toit suffisent pour alimenter la télé et l’ordinateur.


Jésus marche vite sans parler. Nous traversons des vergers de papayers. Les arbres sont très bas, les papayes regroupées à hauteur d’homme sont très nombreuses et très grosses. Au Cap Vert, les papayers poussaient en hauteur, portant seulement un ou deux fruits en hauteur et leurs feuilles étaient rouillées. Ici, toutes les feuilles sont vertes. Dans un hangar ; les fruits sont lavés et pesés. Ils sont brillants. J’achète la plus petite 1$, le paysan veut que j’en emporte plus pour cette somme. Mais cela pèserait lourd pendant la promenade. Au retour Jésus en choisira une grosse et donnera une petite pièce de quelques centavos.

Deux rongeurs sont suspendus à un clou. Jésus me montre le fusil.

- "Que comptent ils en faire ? "

- "Les manger."

On dirait des rats.


A la sortie du verger de papayers, un taureau noir est attaché près du chemin, Jésus me fait signe de me presser ; l’animal serait vicieux.

Nous traversons des plants de caféiers prêts à fleurir et visitons dans un hangar les machines à traiter le café. Les grains sont séchés puis débarrassés de leur écorce dans une machine. Des petits grains pâles apparaissent. A l’extérieur un tuyau d’eau descendant de la montagne fait tourner un moulin à eau qui actionne les machines du hangar.


Nous montons ensuite à vive allure dans la forêt sur un sentier raide mais bien entretenu. Comme Jésus marche loin devant, je profite des bruits de la forêt. De temps en temps un porc détale à notre passage, quelques fois, un minuscule goret. Ce ne sont pas des animaux sauvages. Tout à l’heure on entendra des cris étranges : c’est le campésino qui appelle ses cochons. Ils sont beaucoup plus petits que nos cochons européens, ils sont très propres. Leur pelage a des couleurs variées noir marron ou gris, certains ont de jolies taches. Les Cubains ne les nourrissent pas, ils trouvent leur nourriture eux mêmes dans la campagne. Ils sont familiers, pas agressifs du tout. De même, les chiens cubains, très maigres aboient fort peu.


Des lianes toutes contorsionnées en spirales courent d’arbre en arbre. Bromélias et orchidées colonisent les branches basses. Au sol, une épaisse litière de feuilles, branches, fruits tombés. Les sommets sont noyés dans la brume. Pendant la pluie, les oiseaux sont silencieux. Dès que le soleil perce les chants recommencent. J’ai une surprise : le chant du rossignol.


Halte au sommet d’une butte pour admirer le panorama. La descente est encore plus rapide que la montée. Je cherche un bâton pour m’assurer parce que je glisse. En espagnol, c’est un baston ;


Nous terminons la promenade dans une jolie ferme entourée d’un jardin très soigné avec de belles plantes ornementales : une rangée de yuccas aux feuilles lancéolées,, des massifs de crotons et de colléus. Les animaux de basse-cour dont nombreux : un troupeau de pintades au plumage tacheté, des poules et des poussins, une demi douzaine de dindons. Les poules entrent dans la maison au sol cimenté impeccable (je me suis déchaussée pour entrer, les hommes sont pieds nus) On laisse les poules picorer un grain invisible sans les chasser. La maison est très bien tenue. Dans la cuisine, une étagère originale, un curieux récipient sur un trépied. Toujours pas de gazinière. Sur quoi cuit le repas ?


On m’ouvre une noix de coco à la machette, puis m’offre une assiette de papaye. Jésus jette les épluchures des papayes aux animaux de la basse-cour. C’est le coq au cou déplumé et à la grande crête qui s’en empare, puis le dindon. Pintades et poules doivent se contenter de picorer par terre ! Puis on me sert le meilleur café que j’aie jamais bu. Je fais un portrait de Roberto, très photogénique avec son chapeau.

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