dimanche 29 juin 2025

ONCE UPON A TIME IN GAZA des frères Tarzan et Arab Nasser




Il était une fois à Gaza, Il était une fois dans l'Ouest? Un western à Gaza? 

Ce serait plutôt Le Bon, La Brute et Le Truand .

le Bon : Yehia, l'étudiant un peu timide, sérieux embarqué malgré lui dans un trafic, par amitié pour Le Truand : Osama, grosse carrure, grand cœur, dealer mais pas balance, avec encore un reste du sens de l'honneur, et beaucoup d'empathie et d'amitié. La Brute, Abu Sami, le flic ripoux, violent, qui n'hésite pas à tuer qui le gène. 

Un film de trafic de drogue :  tramadol, lyrica, pilules glissée dans le pain pita d'un falafel. Plutôt de l'artisanat que du grand banditisme. Tout cela se déroule en 2007 avant les destructions massives, mais toujours sous blocus et bombardement.  

Film dans le film. Yehia est repéré par un cinéaste pour un film de propagande, il sera le héros. Timide, malingre, il n'a ni le physique, ni le mental pour jouer le héros. On le transformera. Le ministère de la Culture va financer le film, mais les cinéastes manquent de tout. Pas d'effets spéciaux? On utilisera des armes de guerre pour faire plus vrai. On prendra dans la rue les figurants, les enfants au risque que les parents ne protestent. 

A Gazawood on est loin d'Hollywood! Tout est un peu minable, mais justement c'est cela qui est drôle, touchant. Les frères Nasser ont un sens de l'humour très développé. L'humour comme survie (tiens, un peu comme l'humour juif?)

Et puis, l'acteur devenu héros va se comporter comme tel....Mais là je ne divulgâcherai pas

On sourit beaucoup, on rit un peu. Si vous allez le voir pour avoir des images de la vie à Gaza, sachez que le film a été tourné en Jordanie. Les frères Nasser ont été très soigneux pour reconstituer leur Gaza, pour que leurs amis, leur famille retrouvent Gaza.


 (cela je l'ai entendu dans le podcast  : Les Midi de Culture : Arab Nasser : "les Gazaouis supportent des conditions de vie que l'humanité ne peut pas supporter . Mardi 24 juin)




mardi 27 mai 2025

LA VENUE DE L'AVENIR – – Cédric Klapisch (2025)






Un joli film à déguster comme un bonbon, sucré, acidulé. Un joyeux montage entre     aujourd'hui et hier, il y a 150 ans où l'on va rencontrer, comme à Orsay à l'occasion de l''Exposition des 150 ans de l'Impressionnisme, Monet, Nadar et même Victor Hugo...
Montmartre quand il y avait encore des moulins, des ateliers d'artistes ....Un petit tour au Havre et on passe devant les Boudin du Musée et la catène des containers bien contemporaine. 
un joli film!






mardi 20 mai 2025

LES ENFANTS ROUGES de Lotfi Achour Tunisie (2025)







Très beau film. Tragédie basée sur une histoire vraie. 

Nizar, un jeune berger est décapité dans la montagne. On ne saura pas par qui ni pourquoi.

Ashraf son cousin doit descendre sa tête au village.  La famille se sent complètement abandonnée des autorités. Les hommes monteront chercher le corps pour l'enterrer. 

En contrepoint, Rahma, jeune fille solaire met un peu de tendresse dans ce drame absolu 

Magnifique film, désespérant quand on sait que tous seront assassinés.  




jeudi 15 mai 2025

Ingeborg Bachmann - Reise in die Wüste (2023) - Margarethe von Trotta avec Vicky Krieps


Ingeborg Bachmann (1926 -1973) est une femme de lettres autrichienne, poétesse et romancière, très célèbre dans le monde germanophone. Moins bien connue des francophones, son nom est apparu récemment dans mes radars, particulièrement à cause de sa relation et de sa correspondance avec Paul Celan

Margarethe von Trotta a fait le portrait, entre autres, de Hannah Arendt, de Rosa Luxemburg, ce film m'intriguait tellement que j'ai fait le voyage à Paris pour le voir. 

Ce n'est pas un biopic complet; le film concerne que 4 années de 1958 à 1962, la relation d'Ingeborg Bachmann avec Max Frisch, évoquée des années plus tard lors d'un voyage dans le désert en compagnie d'Adolf Opel, écrivain et cinéaste, qui a raconté son voyage en Egypte avec Ingeborg Bachmann (dont je n'ai pas trouvé de traduction). J'ai été un peu déçue de ne rien apprendre sur Celan. 

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le film où alternent des séquences qui ne s'enchaînent pas dans le temps. 

1958, Paris, Ingeborg Bachmann et Max Frisch tombent amoureux, "sur le pont Mirabeau...".La  relation amoureuse se complique quand ils cohabitent à Zurich. Difficile pour deux écrivains de travailler. Max Frisch la demande en mariage. Ingeborg veille à sa liberté. Ingeborg a son idée sur le travail sur les mots tandis que Max Frisch consigne leur vie commune dans des carnets qu'elle brûle. 
Rome, Ingeborg est plus à l'aise dans la société romaine, Max Frisch se sent mis de côté...

Entre ces épisodes s'intercalent les scènes du voyage dans le désert. Une sorte de puzzle que j'ai mis du temps à tout remettre dans l'ordre. 

Vicky Krieps arbore de splendides tenues, des robes magnifiques, "une star" se plaint Max Frisch. Son visage expressif passe de la mélancolie, presque la folie, à un sourire radieux. 

maintenant, j'ai bien envie de lire les écrits d'Ingeborg Bachmann!








samedi 10 mai 2025

SOUDAN, SOUVIENS-TOI de Hind Meddeb






le 6 Avril 2019 la population chasse Omar El-Bashir après 30 ans de dictature militaire et islamiste. Khartoum vibre dans un sit-in monstre. Célébration de la liberté retrouvée, exigence d'un pouvoir civil démocratique. Pendant des semaines les Soudais vont vivre une révolution utopique de poésie, chants, slam, rap, pique-niques géants, street-art. mais aussi prise en compte des enfants des rues à qui on organise une école.

Hind Meddeb, documentariste franco-tunisienne, journaliste, a filmé cette révolution. 
Les femmes s'imposent dans le film, elles ont une présence impressionnante. Chaleureuses, des personnalités très fortes, radieuses.
Assez rapidement, les militaires confisquent la révolution. Des images de répression violente ne découragent pas les manifestants qui s'organisent, construisent des barricades dérisoires, histoire de ralentir la progression des véhicules, et surtout qui peignent les visages des militants et des poètes sur les murs. Qui peignent des poèmes, copient les mots sur les panneaux manuscrits pour que les passants les prennent en photo avec les smartphones et les fassent circuler. 
la répression fait des victimes, mais on ne peut pas tuer des mots, on ne peut pas tuer des idées...

Pour se souvenir d'une révolution joyeuse mais confisquée. 

La plupart des personnages ont pris la route de l'exil et la guerre sévit encore, oubliée.

 Ce film vient de sortir, discrètement, cherchez-le, ne le laissez pas filer. C'est une comète lumineuse dans l'actualité si sombre. 







dimanche 4 mai 2025

GHOSTLIGHT (2024)-Kelly O'Sullivan avec Dolly de Leon, Keith Kupferer et Katherine Mallen Kupferer







Mise en abyme, théâtre dans le théâtre, déjà Shakespeare dans Hamlet...Théâtre dans le cinéma, Shakespeare toujours dans Looking for Richard, Al Pacino grandiose!... Tchekhov aussi Drive my car et Vanya 42ème, Un triomphe de Courcol qui met en scène En attendant Godot. 

Ghostlight est un Romeo et Juliette particulier. Juliette, Dolly de Leon, a la cinquantaine bien passée et Roméo, ouvrier dans un chantier de Travaux publics, grisonnant. La troupe d'amateurs répète dans l'arrière-salle d'un café. 

La famille de Dan (Roméo) est sur le bord de l'implosion après un drame qu'on découvrira plus tard.  Chacun  part en vrille dans des crises de violence et de vulgarité. 

Par quelle intuition, Rita (Dolly de Leon), vient-elle chercher Dan dans la rue, l'arracher à son marteau-piqueur pour l'entraîner dans une répétition de théâtre? 

Comment la langue de Shakespeare se coule dans le quotidien de Chicago? 
et la magie du théâtre, encore, opère.








CE NOUVEL AN QUI N'EST JAMAIS ARRIVÉ |Bogdan Muresanu


Décembre 1989, tout le monde sait que le Mur de Berlin est tombé. 

A Bucarest, la télévision  prépare un réveillon de Noël à la gloire de Ceausescu . La vedette a trahi, il s'agit de modifier l'émission qui a déjà été enregistrée. Le réalisateur et le monteur ont des sueurs froides. Comment réparer l'impair?

Tragi-comédie décalée,  lâcheté et corruption à tous les étages. Peur surtout. Méfiance. L'absurde régne, le ridicule aussi.  

L'actrice pressentie pour remplacer la traitresse dans l'émission patriotique cherche à éluder le rôle, elle a l'idée d' arriver défigurée mais ne trouve qu'une tapette à mouches pour se faire des bleus.

 Dérisoire. 

On suit 6 personnages dans leurs démarches minables et on ne s'ennuie pas pendant les 2h18 que dure le film. 

Le final est grandiose au son  du Boléro de Ravel. Bogdan Muresanu a le bon goût de nous épargner la fin des Ceausescu que nous connaissons tous.